Et si les études n’étaient pas la meilleure voie pour s’accomplir professionnellement ?

Hope Hope Hope publie sur son blog le témoignage de Camille qui a choisi de mettre fin à ses études il y a plus d’un an maintenant. Cette jeune femme de 23 ans nous raconte comment les études peuvent être une usine au conformisme.

Les études paraissent être une voie incontournable pour apprendre et se former, d’autant plus dans un pays comme la France. Mais, globalement, ne sont-elles pas devenues des usines à former de futurs ouvriers de la matrice ?

Si le chemin des études ne favorise plus la révélation d’esprits libres, créatifs et indépendants, alors il est sans doute l’heure pour notre jeunesse d’emprunter d’autres voies…

Alors, si on osait sortir des sentiers battus ?

Voici l’histoire de Camille…

Il y a un an, j’ai décidé d’arrêter mes études. Et c’est l’une des meilleures décisions que j’ai prises dans ma vie.

Tout a commencé en 2020 lorsque j’ai intégré une école de journalisme. C’était pour moi une grande victoire car ça faisait des années que je rêvais de devenir journaliste. Je venais de passer trois ans à Sciences Po pour m’y préparer. Et après tout ce travail, enfin j’y étais.

Lorsque j’ai commencé mes études, ma première motivation était ma quête de Vérité. Je voulais diffuser des messages qui aient du sens et qui apportent de l’espérance aux autres. Mais plus j’avançais dans mes études, plus je m’éloignais de ce but. Jusqu’à voir cette flamme qui m’avait poussée à me lancer dans cette voie s’éteindre peu à peu.

J’ai mis du temps à m’en rendre compte.

Un an exactement. Un an pendant lequel je me suis heurtée aux croyances et aux peurs qui me retenaient dans ces études. Un an pendant lequel je n’ai cessé de me répéter que je n’avais pas le choix et que je devais continuer coûte que coûte.

Jusqu’à ce que je trouve le courage de sortir du cercle vicieux dans lequel j’étais tombée et que je me ressaisisse enfin de ma liberté.

Aujourd’hui, j’aimerais pouvoir aider d’autres jeunes à se libérer des conditionnements sur les études et à se questionner sur le sens de celles-ci. J’ai à coeur de montrer que ce n’est pas le seul chemin possible et que parfois cette voie peut nous amener à nous éloigner de qui nous sommes vraiment.

À des règles absurdes, tu ne te résigneras pas

Ma rentrée s’est déroulée après le premier confinement, au moment où le masque était obligatoire pour les étudiants.

Dès le premier jour, j’ai senti que quelque chose n’allait pas. J’étouffais, je manquais d’air après seulement deux heures passées avec un masque sur le nez. À ce moment-là, je me suis dit « c’est pas possible, je ne peux pas tenir comme ça ». Pendant une seconde, j’ai hésité. L’idée d’arrêter m’a effleurée. Une idée absurde. Si absurde que je l’ai aussitôt faite taire. Après tous ces efforts, c’était impensable de tout arrêter maintenant. Et puis, pour quoi faire ? Dans ma tête, il n’y avait que deux chemins possibles : continuer mes études ou bien arrêter et ne rien faire de ma vie. Je me serais retrouvée livrée à moi-même, face au vide et à l’inconnu et ça me terrifiait.

Non, pas question d’arrêter. Je devais continuer coûte que coûte.

Il fallait que je trouve une solution pour supporter cette situation. Apprendre à supporter l’insupportable. Apprendre à vivre avec l’invivable, avec l’inhumain. Rentrer dans le moule. Faire taire cette voix en moi qui me disait qu’il y avait quelque chose qui clochait. Après tout, si tout le monde supportait ce masque sans broncher, je pouvais bien y arriver moi aussi. Ce n’était sans doute pas si grave.

C’est là que j’ai commis ma première erreur : jauger ce qui est juste en fonction de ce que les autres pensent. Ce n’est pas parce que tout le monde considère que quelque chose est normal que ça l’est.

Mais ça demande beaucoup de courage d’oser être différente. Et moi ça me terrifiait.

Alors, pour ne pas trop détoner, j’ai trouvé des arrangements. Je me suis résignée à porter un masque mais sous le nez, pour pouvoir respirer. J’enlevais mon masque dès que j’étais dehors. Tous ces arrangements m’ont permis de tenir, de supporter cet insupportable, tout en ne sortant pas trop du moule, en restant juste assez conforme pour pouvoir être acceptée par les autres.

Ton unicité, tu n’éteindras pas

 

Au début, j’ai essayé de traiter des sujets d’actualité qui faisaient sens pour moi. J’ai proposé de recueillir des témoignages de gens qui ne portaient pas de masque ou encore d’enquêter sur la couverture médiatique des mouvements qui s’opposaient aux mesures sanitaires, pour dénoncer le manque de pluralisme dans les médias.

Mais à chaque fois, je me prenais des murs. Je ne trouvais personne à interviewer, mon sujet semblait impossible à traiter parce qu’il n’avait quasiment pas été couvert par les autres médias. Mes professeurs me disaient que ce n’était « pas un sujet » car il n’y avait pas assez de matière dessus. Au lieu de m’encourager à continuer mon enquête, au lieu de valoriser mon initiative de vouloir faire quelque chose de nouveau, on m’incitait à abandonner et à choisir un sujet simple à traiter, plus conforme. J’ai fini par baisser les bras, désespérée de réussir à aller au bout de mes idées.

La leçon que je tire de cette expérience, c’est qu’il ne faut jamais abandonner quand quelque chose nous tient vraiment à coeur. Il ne faut surtout pas se laisser avoir par cette voix dans notre tête qui se donne des excuses pour ne pas aller au bout, qui nous dit « c’est pas si grave si tu abandonnes maintenant, tu as fait de ton mieux, tu feras mieux la prochaine fois ».      

C’est faux.

À chaque fois que l’on baisse les bras, à chaque fois que l’on renonce à aller au bout d’un appel que l’on a eu, on s’affaiblit. On finit par se convaincre qu’on n’est pas capable de réaliser nos idées.

On perd petit à petit notre force, notre enthousiasme, notre courage, notre joie, notre créativité, notre unicité.

Acteur de ta vie, tu deviendras

 

À force de renoncer aux projets qui me tenaient à coeur, j’ai fini par abandonner l’idée que je pouvais être créative dans mes études. Je suis alors tombée dans une grande passivité, dans une routine. J’étais là, assise dans une salle de classe à écouter des professeurs parler pendant des heures, à attendre que le temps passe. Je faisais le strict minimum sans aucun enthousiasme.

Le pire a été pendant la période de cours à distance, en visioconférence. Je passais des heures derrière un écran, à ingurgiter des connaissances froides et intellectuelles. Privée du contact humain avec les autres étudiants et les professeurs, le manque de sens de ce que j’apprenais m’apparaissait de manière flagrante. Je n’attendais qu’une chose: le moment où j’éteindrai l’écran pour pouvoir enfin faire ce que j’aimais vraiment, ce qui me rendait vivante : échanger avec mes amis, être en nature… Que des choses qui n’avaient rien à voir avec mes études.

Et pourtant, j’ai continué. De manière automatique, sans ressentir cette passion, cette joie de me lever le matin pour aller apprendre. Non, rien de tout ça. Je devais me faire violence chaque jour pour me rendre dans cette salle de classe dans laquelle j’apprenais à me conformer et à éteindre mon individualité.

Et pourquoi ? Car j’étais persuadée que je n’avais pas d’autre choix et qu’il fallait que j’aille au bout de cette formation. J’arrivais à tenir en me disant qu’il ne me restait plus qu’un an et demi avant de réaliser mon rêve.

Mais je me trompais. Peu importe qu’il reste un an ou deux ou même juste un mois. Ce n’est pas normal de s’ennuyer en cours et seulement subir ce qui se passe, sans en comprendre le sens. Si nous ne ressentons pas de joie dans ce que nous faisons, c’est que nous ne sommes pas à notre place.

Peut-être que quand nous avons commencé, nous avions un vrai appel pour ces études et pour le travail pour lequel elles nous préparent. Peut-être que derrière cette formation, il y a un amour sincère pour ce métier. Mais osons nous demander : « Est-ce qu’aujourd’hui, dans mes études, je suis vraiment passionné par ce que j’apprends ? Est-ce que cet apprentissage a du sens ? Est-ce que je ressens de la joie dans ce que je fais ? »

Le courage de dire non tu trouveras

Le déclic pour moi a été l’arrivée du pass sanitaire. Quand cette mesure est passée, j’étais en stage dans un média local.

Je me suis retrouvée à devoir choisir entre ma conscience personnelle, qui m’incitait à refuser de me soumettre à ce pass déshumanisant, et ma conscience professionnelle de pouvoir réaliser ce qui m’était demandé pendant ce stage : couvrir des événements où il fallait présenter un QR code.

Pendant des jours et des jours, j’étais tiraillée intérieurement. En tant que stagiaire, je ressentais la pression de mes supérieurs hiérarchiques. Je me sentais coincée. J’avais l’impression d’être dans une impasse.

Ce qui m’a aidée à sortir de cette impasse, c’est ma foi. Je pratique la méditation créatrice qui me permet de me questionner dans mon coeur pour trouver ce qui est juste pour moi. Grâce à la méditation, j’ai réussi à faire abstraction de mes peurs pour être à l’écoute de ce que je voulais vraiment. 

J’ai alors compris que les sacrifices qui m’étaient demandés dans ce stage n’en valaient pas la peine. Aucun stage, aucun travail ne méritait de me renier et de renoncer à mes valeurs. J’ai pris conscience que mon amour de la Vérité était bien plus important que ce stage et ces études. 

Une fois que je me suis ressaisie de mon but, en me rappelant que c’était la Vérité que je voulais protéger plus que tout, ce qui me paraissait si compliqué avant est devenu très simple.

Cela m’a donné la force de m’affirmer. De dire NON.

Non, je ne ferai pas de test PCR.

Non, je ne présenterai pas de pass sanitaire.

Non, je n’irai pas couvrir les événements qui le demandent.

Non, je ne me renierai pas pour un stage.

Non, je ne me renierai pas pour un travail.

Non, je ne me renierai pas pour des études.

Et à partir de ce moment, c’était fini. Ils n’avaient plus aucun pouvoir sur moi. D’ailleurs, ils n’en avaient jamais eu. C’est moi qui leur avais donné.

Dès l’instant où j’ai dit stop, j’ai retrouvé ce pouvoir. J’ai ressenti la force en moi de rester fidèle à mes convictions quoi qu’il arrive.

C’était comme si je me réveillais d’un long sommeil dans lequel je m’étais complètement éloignée de moi-même et de mes idéaux et que je me reconnectais enfin à qui j’étais et à cette quête de Vérité qui m’animait.

En décidant de remettre cet idéal au centre de ma vie, c’est devenu évident qu’il fallait que j’arrête mes études. C’est comme si j’avais ouvert une brèche dans le chemin tout tracé que je m’étais fixé et que je m’autorisais enfin à imaginer la possibilité d’en sortir. Et le simple fait d’y penser, de me dire que je pouvais arrêter, m’a libérée. Je me suis sentie soulagée d’un poids énorme que je m’obligeais à porter depuis un an. Cette fois-ci, j’ai décidé d’écouter mon coeur. Alors, j’ai arrêté.

Parce que ce n’était pas ça mon appel. Ce n’était pas de faire des études pour devenir une journaliste formatée qui répand des mensonges. Ce n’était pas de travailler dans un média du système. Mon appel c’était d’être une messagère au service de la Vérité. Ça n’avait aucun sens de continuer des études qui m’amenaient à faire l’exact opposé de ce pour quoi je m’étais engagée initialement.

Le chemin de ton cœur tu choisiras

Les études c’est juste un moyen de répondre à un appel du coeur pour une vocation, ce n’est pas le but en soi. Le feu qui m’a motivée à devenir journaliste ne dépend pas d’un diplôme. Il est en moi et je peux choisir le chemin que je veux pour y parvenir.

Le défi c’est de trouver le chemin qui sert le mieux ce but que nous voulons atteindre. Le moyen qui nous permet d’exprimer cette flamme en nous, sans que nous ayons à faire le moindre compromis dessus.  

Parfois, sans même que l’on s’en rende compte, nos études peuvent nous détourner progressivement de notre but. Si c’est le cas, si nous nous rendons compte que nous sommes en train de nous détourner de nous-même, c’est qu’il est temps d’arrêter. Osons arrêter avant de nous perdre complètement en chemin.

Et peut-être que le chemin le plus adapté à ce que nous voulons amener dans le monde, n’existe pas encore.

C’est mon cas.

Lorsque j’ai arrêté mes études, j’ai aussi renoncé à la sécurité d’une voie toute tracée. Je me suis retrouvée face à l’inconnu avec le défi de devoir décider par moi-même de mon propre chemin. J’ai fait face à de nombreuses insécurités, les miennes ainsi que celles de mon entourage. En sortant du chemin traditionnel, je me suis confrontée au fait d’être différente. J’ai dû renoncer à un rêve de réussite sociale, à l’ambition d’être une journaliste renommée dans un média avec une grande audience, au rêve de pouvoir toucher des milliers de gens avec mes articles. J’ai dû renoncer à l’image que j’avais de moi-même et de mon futur. 

Mais si j’ai réussi à faire tous ces sacrifices, c’est parce que j’étais certaine qu’en lâchant ce cadre, un nouveau champ des possibles s’offrirait à moi. Je savais que j’étais guidée et qu’une fois que j’aurais fait ce saut dans le vide, de nouvelles portes allaient s’ouvrir. J’avais une grande foi dans la vie et j’étais pleine d’espérance. 

Sortir de ce chemin tout tracé m’a permis de m’affranchir du journalisme tel que je le connais et de repenser complètement le métier que je veux faire.

Aujourd’hui, j’ai décidé de sortir du virtuel et d’aller rencontrer les gens directement. Plutôt que d’être derrière un écran à écrire des articles toute la journée, j’ai choisi de donner des ateliers pour diffuser mes messages et pouvoir échanger avec les autres. Je propose des ateliers-conférences pour témoigner de mon vécu à d’autres jeunes et des ateliers d’écriture pour partager ma passion.

Arrêter mes études a enclenché beaucoup d’autres changements dans ma vie. J’ai remis en question mon mode de vie en profondeur. Je me suis questionnée sur l’endroit où je voulais vivre et le type d’habitat qui me correspondait le mieux. J’ai envisagé d’avoir un habitat nomade pour pouvoir être mobile et diffuser mes messages dans différentes régions. 

Aujourd’hui, j’organise ma vie autour de ce qui me fait vraiment vibrer : rencontrer des gens, partager mes messages, offrir ma créativité et être en nature.

J’ai une vie qui me ressemble beaucoup plus.

Et tout cela a été possible parce que j’ai osé sortir des sentiers battus, parce que j’ai osé me mettre face à ma vie et me demander si elle me correspondait vraiment. Parce que j’ai osé me confronter à ce que je devais changer pour vivre ce que je voulais vraiment au plus profond de moi.

Car c’est la seule chose qui compte vraiment en fin de compte : oser avoir le courage d’être soi-même.

Camille Ravasio

Je me déplace dans plusieurs lieux dans le sud de la France pour proposer des ateliers auprès des jeunes et des moins jeunes. Si vous êtes intéressés et que vous souhaitez plus d’informations, vous pouvez me contacter à l’adresse camille.ravasio@protonmail.ch 

Atelier : Et si les études n’étaient pas la meilleure voie pour se réaliser? 

Un atelier pour se questionner sur l’adéquation entre nos études, qui nous sommes et notre vocation. L’objectif est d’aider chacun à se ressaisir du but qui l’anime vraiment, au-delà de ses études, et à trouver le meilleur chemin pour l’atteindre

Atelier d’écriture sur la beauté 

Un espace d’expression artistique ouvert pour ceux qui veulent jouer avec les mots afin de révéler la beauté de leur être. 

 

3 Commentaires

  1. Pascale et Eric

    Merci Camille pour ce magnifique message… quel élan du cœur et quel courage pour mettre le pied dans le vide… mais c’est la seule vérité en ce moment que l’on se doit à soi même pour traverser le voile du mensonge et aller vers qui nous sommes vraiment… c’est avec un grand plaisir que peut être un jour nos chemins se croiseront car nous vivons aussi dans le sud…
    Pascale et Eric

    Réponse
    • Camille Ravasio

      Merci beaucoup pour votre message qui me touche au coeur.
      Ça serait avec joie de se rencontrer un jour si la vie nous y amène. Je vis en ce moment en Ardèche.
      Je vous souhaite de passer une douce soirée,
      Camille

      Réponse
    • Camille Ravasio

      Et bien, si le coeur vous en dit de se rencontrer dans le sud, je participe le samedi 11 mars à un pique-nique à Bessèges, dans le Gard, pour faire se rencontrer ceux qui veulent participer à la création d’un monde plus fraternel. L’occasion pour chacun de partager ce qui le fait vibrer, sa créativité… J’animerai moi-même un atelier sur les relations du Nouveau Monde. Si ça vous intéresse, vous pouvez m’écrire par mail : camille.ravasio@protonmail.ch pour avoir plus d’informations.

      Réponse

Laissez une réponse à Camille Ravasio Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *